En tant que biographe, j’écris des grands moments, des petites anecdotes mais aussi des souvenirs sensoriels, parce qu’il n’y a rien de plus savoureux qu’un souvenir gustatif ou olfactif. Aujourd’hui, en ce jour de fête des pères, je vais vous parler d’une soupe. Mais pas n’importe laquelle : la préférée de mon papa.

Les souvenirs sensoriels
Marcel Proust dans son roman « Du côté de chez Swan », évoque un souvenir d’enfance qui refait surface lorsqu’il mange une madeleine.
En ce délectant de cette pâtisserie, le narrateur se revoit, le dimanche matin, auprès de sa tante Léonie à Combray. Elle avait pris l’habitude de lui donner un morceau de madeleine qu’elle trempait dans son infusion ou son thé au tilleul. Il se souvient de sa saveur, sa forme, son odeur et se rappelle des souvenirs d’enfance heureux liés à ce moment suspendu auprès de sa tante.
La madeleine de Proust n’est pas forcément associée au goût, ce peut être un souvenir lié à un objet, un lieu, une couleur, un son, une odeur…
Le souvenir gustatif
Mais aujourd’hui, j’ai envie de vous parler d’un souvenir lié à un plaisir gustatif. Pourquoi ? Parce que récemment je suis allée chez mon père qui me vante (encore et toujours) « sa » soupe.
Je n’ai rien contre les soupes, surtout les soirs d’hiver, mais j’avoue, sans vouloir le décevoir, que je ne lui trouve pas grand intérêt.
Pour la réaliser, rien de plus simple : des pommes de terre cuites que l’on mixe avec des carottes et des poireaux crus. Le tout est agrémenté de sel, de poivre et d’eau pour délayer. Et voilà, la fameuse soupe est prête. Je ne sais pas si, à ce stade, vous vous léchez les babines, en tout cas ce qui est sûr, c’est que mon père, oui.
L’histoire de cette soupe
La dernière fois qu’il m’a parlé de cette soupe, il m’a raconté un souvenir lié à celle-ci. Enfant, il s’était rendu avec sa maman au salon des arts ménagers. Un démonstrateur avait présenté un robot multifonction. Pour vanter son mérite, le commercial avait alors réalisé cette soupe mousseuse en quelques secondes, sous les yeux ébahis des visiteurs.
Ma grand-mère n’avait su résister et, ce robot révolutionnaire avait trouvé sa place dans la cuisine familiale.
Presque soixante ans plus tard, mon père se souvient encore de ce moment et il réalise toujours avec autant de plaisir ce petit concentré de légumes frais.
Cette soupe, c’est un symbole de son enfance, de souvenirs doux et sucrés (enfin, plutôt salés ici), de moments en famille. Cette soupe, c’est un réconfort contre le temps qui passe. Et finalement, cette soupe bien que très simple, n’en reste pas moins mémorable pour lui.
A l’évocation de ses souvenirs d’enfance autour de cette soupe, j’ai presque envie qu’il m’en prépare une. Je crois qu’à présent, elle n’aura plus la même saveur, y compris pour moi.
Et vous ? Quelle est votre madeleine de Proust ?
Les souvenirs sensoriels sont souvent présents dans les biographies : une odeur, un plat cuisiné par un proche, un son, une image particulière d’un lieu font partie de souvenirs réconfortants que l’on aime se rappeler.
Avez-vous un souvenir heureux lié à un sens ? Pour ma part, si je ne devais en citer qu’un, ce serait le chant des tourterelles. Cela me rappelle mon enfance et notre déménagement dans les Landes : chaque matin, j’entendais les tourterelles chanter et je trouvais cela magnifique. J’associe ce son aux matins de printemps ensoleillés et à la chance incroyable de vivre proche de la nature.
Si vous aussi vous avez envie de raconter vos petits et grands souvenirs, n’hésitez pas à solliciter mon aide, je serai là pour vous accompagner.
PS : Si vous avez envie de tester cette soupe, mon père vous conseille d’ajouter une branche de céleri, des feuilles de coriandre ou du piment vert marocain, c’est sa version revisitée.
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